Regard d’Emmanuel Brouillard écrivain dans » Le roux des cheveux ».
« Le cheveu n’est pas la partie la plus éphémère de nous même et ce n’est pas les archéologues égyptiens surgissant des sépultures quadrimillénaires, une mèche de momie à la main, hilares, qui nous contrediront. Le cheveu pousse, tombe, et pousse dans la tombe le crâne, les nerfs, la vie qui l’ont fait naître. Le cheveu demeure là où tout le reste meurt.
Au matin, il arrive qu’on ne se regarde plus dans son miroir, mais dans le lavabo, où tel réseau capillaire semble nous mettre en demeure de l’appréhender. Nous voici captés par cet entrelacs de lignes. Une mise en forme soudain semble s’imposer, surtout si on ne l’est pas (en forme). Mais l’entropie nous gagne, et nous perd. Et la vie nous entraîne, et nos projets s’effondrent. Sauf quand on s’appelle Josiane Guitard-leroux.
Il y a de l’être dans le cheveu, de l’ontologie dans le henné. Le roux des cheveux de Josiane Guitard-leroux n’est pas étranger à cette substance; d’ailleurs, rien de ce qui est capillaire ne lui est étranger. Quand elle lira ces lignes, peut-être que ses cheveux se tresseront sur sa tête, pourtant je crois pouvoir affirmer ceci : il s’en est fallu d’un cheveu qu’elle n’utilise un autre moyen d’expression. Chez elle, l‘alopécie fut salvatrice. Et c’est à elle que nous devons ces réseaux, ces mailles, ces drôles de trames…
Avec l’œuvre de Josiane Guitard-leroux, c’est un peu d’hair qui entre dans le monde confiné du minimal art.
Grâce aux productions de cette artiste, qui perdureront alors que tout vestige de notre civilisation sera tombé en poussière, les archéologues du futur sauront qu’au vintième siècle déjà, l’homme était un réseau, le plus faible des réseaux peut-être, mais un réseau pensant. »