La collection de coiffes ethniques d’Antoine de Galbert présentée dans l’exposition « Voyage dans ma tête » à la Maison rouge à Paris en 2012, débute par « Au commencement est le cheveu. » .
Elle a mis en évidence qu’avant la coiffe, la coiffure en tant qu’agencement capillaire est & a toujours été une nécessaire mise en forme de la partie la plus remarquable du corps, la tête.
Au sommet de la personne, partie la plus proche du ciel, le chef, est considéré comme l’habitacle de l’âme, cette part de nous qui selon les croyances rejoint le monde des ancêtres ou des dieux.
Les cheveux qui la recouvrent peuvent alors montrer par leur longueur & leur vitalité la capacité reproductrice & la vigueur de celui ou celle qui les arbore ou bien manifester par leur absence le renoncement au monde, comme pour les moines & les nonnes.
L’énergie des cheveux trouve tout naturellement son expression dans la confection des coiffures les plus variées. Chacune indique le statut social ou culturel & témoigne de l’identité de la personne qui la porte.
Chaque société y inscrit un symbolisme déchiffrable par tous ses membres. On y reconnaît l’aristocrate, le prêtre ou le paysan.
Dans le Japon ancien, le port des cheveux longs & dénoués était réservé aux femmes de la cour. Les paysannes se devaient de les ramener sur la nuque & de les retenir par une étoffe chiffonnée.
En Afrique chaque coiffure correspond à un code social précis, à une fonction hiérarchisée ou à un moment du cycle de la vie. Cette identification se combine à une recherche esthétique & fournit un panel considérable d’inventivité capillaire.
De la coiffure à la coiffe il n’y a que deux lettres à retrancher.
Le chapeau de prêtre Yao est entièrement tissé en cheveux avec parfois une autre matière simplement ajoutée.
La coiffe de femme Touareg est une broderie sculpturale de cheveux sur fil de fer.
La coiffe de femme Karen entrelace cheveux & lamelles d’aluminium gravé.
Celle des Daï se présente comme une calotte de cheveux recouverte de capsules en métal.
La coiffure de femme Qing Miao, qui se transmet de mère en fille est faite des cheveux patiemment récoltés tout au long de la vie, recouverts de laine noire & blanche & maintenus par des cornes de buffle.
Celle de femme mariée Isicholo Zulu est un large chapeau de cheveux, de fibres & de pigments rouges mêlés. Elle dérive d’une coiffure de cheveux tressés mêlés à de la graisse & de l’ocre qui avait la forme d’une cône renversé, portée jusqu’au début du XXème siècle.
Dans chaque culture, les femmes & les hommes ont une relation privilégiée avec leur chevelure. Auréolant la partie de leur corps la plus proche du ciel, les cheveux sont dotés de pouvoirs, de vertus ou de tabous. La façon de les entretenir & de les ordonner est liée à l’âge, la position au sein du groupe, le prestige personnel.
Véritables métaphores visuelles, les coiffes racontent elles aussi les différentes étapes de la vie, naissance, puberté, mariage & deuil.
Elles indiquent le rang, l’appartenance tribale & la fortune de celle ou celui qui la porte. Leur palette de couleurs & de matériaux est immense tout comme leur vocabulaire décoratif.
Minimalistes ou exubérantes, d’une grande pureté de forme ou multipliant les inventions plastiques, les coiffes témoignent d’un art du beau commun à tous les êtres humains.
Mes séries « Transitions & Vibrations » reflètent mes rencontres avec les coiffes & coiffures créées ailleurs. dans mes œuvres les cheveux sont avant une matière avec laquelle je m’exprime, comme le pigment l’est pour le peintre, la lumière pour le photographe. Organique, plus connotée & plus chargée de symbole, je la travaille comme un médium auquel j’associe des objets, des supports, des matériaux.