Au Japon le cheveu est gros, régulier, de section pratiquement ronde, généralement droit & implanté perpendiculairement sur le dessus de la tête. De couleur noire, il n’en change que depuis quelques années car il a été réfractaire plus longtemps à la coloration que d’autres types de cheveux.
Les femmes ont longtemps eu de longs cheveux, dont ceux particulièrement impressionnants des dames de la cour au XVIème siècle, qui traînaient sur le sol, flottant sur leurs kimonos.
Utamaro a peint des centaines de portraits de femmes de tous âges & tous états qui dévoilent la sophistication & la codification des coiffures du XVIII ème siècle. Les architectures des coiffures de geishas nécessitaient des heures de manipulations. Dans « Mémoires d’une geisha » la narratrice Yuki Inoue raconte : « Puis Kinu fut envoyée chez la coiffeuse « noueuse de cheveux ». La confection minutieuse & laborieuse de la coiffure lui semble prendre le double du temps normal. Dans son chignon shimada (queue de cheval très basse lâchement remontée derrière l’occiput & maintenue par des peignes de façon à former une seconde queue de cheval), la femme piqua à hauteur des oreilles une épingle pourvue d’une parure de corail. »
Cet extrait relate la préparation de la maiko (apprentie geisha) pour sa défloraison ou mizu-age qui marquera son changement de statut. Lors de cette cérémonie éminemment symbolique, sa houppe est « coupée ». Elle change de coiffure & de vêtements en devenant geisha. Elle abandonne le momoware ou wareshimomo coiffure dite en « pêche fendue » ou chignon divisé en deux au milieu duquel apparaît une étoffe de soie rouge, pour le marumage ou l’ofuku, chignon orné de peignes & d’épingles appelées kanzashi.
Mais aujourd’hui il suffit de se promener à Tokyo pour saisir la palette de couleurs des chevelure des jeunes japonais & dans le quartier d’Harajuku pour y voir sa diversité formelle. Symboles du monde contemporain leurs coiffures extravagantes sont le contre-point des coiffures des geishas qui perpétuent l’image du japon traditionnel.
Ces ornements de coiffures sont de toute beauté. La collection Olliveaud-Touzinaud montrée dans l’exposition « Chine & Japon à fleur de tête » en 2005 a révélé que la richesse artistique & culturelle s’étendait aussi à ce domaine. La tête est sacrée & la parure de tête est la marque des personnages reliés aux puissances célestes. Le « sacre » est le moment où l’on pose la couronne sur la tête de celui qui par là même devient roi. Les anciennes cultures ont presque toujours associé les pouvoirs occultes attribués aux cheveux aux objets qui les ont touchés. Dès la préhistoire il était fréquent d’enterrer les défunts avec leurs peignes. Les spécimens anciens de peignes retrouvés remontent à l’ère Jômon (10 000 à 6500 av J.C). En os ou en bambou ils étaient déjà laqués de rouge & leurs longues dents fixaient les cheveux des hommes & des femmes en un chignon sur le sommet du crâne.
Dans le Honshu, dans l’ensemble monastique de Koya-san, le cimetière-temple d’Okuno-in, conserve les cendres de très nombreux bouddhistes car ils ont l’espoir de renaître à la vie au moment du retour du Bouddha Miroku parmi les vivants.
Ceux qui n’ont pu y enterrer leurs cendres ont mis à la place une mèche de leurs cheveux.
Mon intérêt pour le Japon est ancien il a commencé avec ma pratique du karaté. L’art, la littérature, le cinéma, les religions, les rites sont pour moi des sources de réflexion & de création. Elles ont enrichi ma personnalité & mon expression artistique. J’ai crée deux œuvres qui ont pour support des haori achetés là-bas. Elles sont titrées «Japon I & II ».