À Paris, plusieurs expositions ont eu lieu sur le thèmes des cheveux.
« Cheveux Chéris ; Frivolités & trophées » du 18 septembre 2012 au 14 juillet 2013 s’est déroulée au Musée du quai Branly.
Des emprunts à l’anthropologie, à l’histoire ancienne & contemporaine de différentes cultures, à l’art & à la mode composent un parcours mosaïque autour du cheveu. Images & sculptures représentant des chevelures ainsi que différents objets contenant des cheveux révèlent les aspects inattendus & complexes que le genre humain entretient avec cette parure naturelle.
Les cheveux ont été abordés en premier sous l’angle de la frivolité puis montrés sous celui du trophée dans un passage qui allait de l’image vers la matière, de l’attirant vers le repoussant, de la vie vers la mort.
Élément organique donné à toutes & tous, ce poil de tête (de nombreuses langues, comme l’anglais, ne différencient pas poil & cheveu ) présente ses transformations d’une époque & d’une région à l’autre.
Marqueur social essentiel mis au service de l’apparence, sa puissance symbolique en a fait un outil de dialogue entre les civilisations. L’exposition nous a livré des pièces appartenant aux Papous de Nouvelle-Guinée ou aux ethnies amazoniennes & des œuvres du moyen-âge au XXème siècle.
Ainsi la superbe « Sainte Marie-Madeleine« d’Ecouis voisinait avec une impressionnante série de buste en bronze de Charles Cordier représentant des types de coiffures non occidentaux opposée à celle des bustes en marbre blanc des rois & reines de France.
La longueur de cheveux sur le crâne était évoquées dans les sculptures d’un prêtre d’Isis du IIème siècle avant J-C ou d’un empereur romain du IIIème siècle, comme dans les portraits des rois des Francs & dans les photos de Samuel Fosso. La signification donnée à cette longueur allant du choix politique pour Picasso au coutumes sociales du deuil pour la femme malgache.
La couleur était bien sûr abordée opposant brunes et blondes dans des « clichés » au deux sens du terme.
La mise en forme de la chevelure questionnait la dualité discipline/indiscipline d’un genre à l’autre.
Les coiffures sculptées des africaines photographiées par J.D.’Okhai Ojeikebe répondaient parfaitement à « l’Aurore » en marbre blanc de Denis Pierre Puech.
La perte, acceptée ou subie, des cheveux était traitée sous plusieurs angles. Colliers de deuil, cheveux d’initiés & ouvrages en cheveux dialoguaient sur le thème du don alors que les images de femmes tondues de force témoignaient de la violence que cet acte engendre.
La calvitie clôturait cette première partie de l’exposition.
Puis la question du pouvoir des cheveux était soulevée.
Dans les sociétés qui pratiquent la prise de trophées ou la chasse aux têtes, les cheveux sont des matières chargées de la puissance de leurs anciens possesseurs. Les plastrons de guerriers naga, les ceintures aguaruna des jivaros, les scalps en témoignaient.
Associés à d’autres matériaux tels que les plumes, les coquillages, les fils, les perles, les fibres végétales, les cheveux devenaient des talismans protecteurs, des ornements puissants ou des charmes magiques.
Les masques de Nouvelle-Calédonie, la coiffe de chef fang du Gabon , celle des taris de Papouasie & la parure de jeune fille boukhara d’Ouzbékistan dévoilaient au delà de leur beauté la puissance de leur présence.
Les cheveux participent aux rituels des sociétés qui les créent en représentant des ancêtres déifiés, en personnifiant quelqu’un, en étant l’insigne du rang & le symbole du prestige de leur propriétaire.
« Cheveux Chéris ; Frivolités & trophées » montrait l’importance de la chevelure pour chaque être humain. Élément de la dignité & de l’estime de soi, sa matérialité révélait d’autres pouvoirs & d’autres symboles.
Deux d’expositions scientifiques ont été consacrées aux cheveux.
« Le cheveu se décode » du 12 juin 2001 au 6 janvier 2002 organisée par la Cité des sciences et de l’industrie. Elle se divisait en cinq parties :
1) Entre vie et matière : Une exploration de la vie, de la structure & des propriétés physiques du cheveu.
2) La science du produit : Les tests auxquels la chevelure est soumise pour mesurer l’efficacité des produits destinés à la protéger, l’entretenir, la soigner ou la transformer. Le partenaire étant L’Oréal, parce ce qu’il le vaut bien…
3) Le salon des métamorphoses : Un espace pour changer de tête.
4) Les cheveux dans le monde: Une analyse de la coiffure dans la diversité de ses expressions telles que les chansons, les poèmes, les images ou les expressions populaires.
5) Les objets du cheveu : L’émotion, la surprise ou la nostalgie face aux accessoires, aux parures, aux bijoux, aux outils liés aux cheveux.
» Le cheveu se décode » du 14 octobre 2011 au 26 août 2012 au Palais de la Découverte était une sorte de copier/coller de la première.
» Ils accompagnent & contribuent à l’apparence de chacun, ils constituent un phénomène autant biologique qu’esthétique, ils lient étonnement l’intime, le social & le culturel, les cheveux, tout à la fois familiers & mystérieux, dévoilent leurs secrets & leur richesse. »
De la vie à la matière passées au microscope jusqu’à la science & la recherche la plus avancée autour du cheveu en passant par un panorama des modes & des cultures, cette exposition ludique & interactive, présentait, à travers toute une série de dispositifs originaux, le monde foisonnant qui vit sur nos têtes & répondait à toutes les questions que l’on se posait sur nos cheveux.
» BRUNE BLONDE » du 6 octobre 2010 au 16 janvier 2010 présenté par la Cinémathèque française se parcourait en cinq étapes :
1) Le mythe : Dans la peinture, dans la photographie & au cinéma, la chevelure nourricière de l’imaginaire.
2) Histoire & géographie de la chevelure féminine : L’impérialisme de la blondeur, dont le cinéma s’est fait le porte parole au XX ème siècle et la montée en puissance de nouveaux modèles aux cheveux noirs, montrent comment les codes de la beauté capillaires sont perméables aux équilibres géopolitiques. Outre la couleur, la longueur des cheveux prend sens avec les mouvements d’émancipation des femmes.
3) Gestuelle : Celle liée à la chevelure féminine est représentée dans la tradition iconographique. Le cinéma s’en empare dès son avènement & lui insuffle temps & mouvement. L’intimité que l’on ressent est présente aussi dans les photographies de certains artistes.
4) Les grands scénarios : La rivalité entre brunes & blondes est le plus classique. Le travestissement & la métamorphose sont les plus troublants. La relique & le fétiche les plus obsédants.
5) Cheveu-matière : Parure, masque ou fétiche la chevelure joue différents rôles.
L’installation monumentale de cheveux roux d’Alice Anderson qui recouvrait une partie de la façade extérieure de la cinémathèque & se prolongeait à l’intérieur a donné à cette exposition un caractère exceptionnel.
J’ai trouvé dans ces expositions consacrées aux cheveux de nombreux renseignements concernant la vie et la symbolique du cheveu. Elles ont enrichit mes connaissances & nourrit ma créativité.