Peignes

Peigne & cheveux sont indissociables.

Généralement, il existe trois types de peignes ; les peignes, les peignes décoratifs & les peignes anti-poux. Les peignes sont utilisés pour coiffer & entretenir les cheveux. Les peignes décoratifs sont des accessoires simples destinés à habiller les cheveux Les peignes anti-poux sont utilisés pour rechercher & éliminer les parasites de la chevelure.

A partir d’une structure de base constituée de dents, les peignes furent façonnés dans une gamme de matériaux très divers & prirent des formes extrêmement variées. On en a trouvés de très anciens.

Les peignes datés de l’ère Natoufienne du Proche-Orient, ( 12500-9500 ans av J-C ) sont les plus anciens connus. Ils étaient à double denture, fabriqués en os, en ivoire ou en bois.

Les peignes scandinaves, en os, sont datés de 8000 ans avant J.C. Ils étaient accompagnés d’objets en bronze, à dents longues & dos cintré couverts d’ornements géométriques, qui servaient probablement à la parure du chignon.

Les peignes égyptiens, découverts dans les tombes de l’Égypte ancienne, ont 3500 ans. Ils étaient fréquemment décorés d’un bouquetin agenouillé.

Les fouilles de sépultures grecques & romaines ont livré, parmi le matériel de toilette déposé aux côtés des défunts, des peignes dont le rôle était utilitaire ou décoratif.

Au Japon, la place du peigne, sur la partie la plus haute de l’individu, la tête, en fait un moyen de communication avec les puissances surnaturelles. Ses dents figureraient les rayons de la lumière céleste. Il est censé protéger des forces maléfiques

peigne chinois archaïsant en jade

peigne chinois archaïsant en jade Photo de Joël Olliveaud

En Chine, lorsqu’il est en jade, le peigne favorise la relation avec le royaume des esprits & en facilite l’accès aux défunts. Cet objet utilisé pour les soins de la chevelure, est aussi ce qui fait tenir ensemble les cheveux. Il matérialise les composantes de l’individualité comme la force, la noblesse, l’élévation spirituelle. Ceux de la dynastie des Shangs (1600-1050 avant J-C ) trouvés dans les tombes n’ont qu’une rangée de dents dont la découpe n’est généralement pas achevée. Réservés aux aristocrates, ils n’étaient pas utilitaires mais avaient plutôt un statut de talismans.

peigne camerounais contemporain de bafoussan
peigne camerounais contemporain de Bafoussan

En Afrique chaque peigne est porteur d’un message spirituel & social qui témoigne de l’environnement dans lequel il a été fabriqué & du statut de son propriétaire. Tout comme les cheveux, son appropriation par autrui peut s’avérer néfaste & sa perte est ressentie négativement.
La mise en forme de la chevelure nécessite des heures, voire des jours de patience, mais fait preuve d’un savoir-faire dont la variété des résultats est impressionnante. Les sculpteurs africains ont reproduit ces modèles de coiffures.

L’exposition  » Parures de têtes  » au musée Dapper a témoigné de cette créativité capillaire. Les statuettes sont les témoins privilégiés d’un art en perpétuel renouvellement. Les peignes en bois ornés de dessins pyrogravés servent de démêloirs & parfois de parure pour les hommes. La décoration de ces objets réalisés en bois légers, fait appel à un répertoire où cohabitent motifs abstraits, figures humaines & animales. Avec les épingles, ils se transforment en véritables bijoux de cheveux lorsqu’ils sont recouverts de fines feuilles d’or comme chez les Asanta du Ghana.

En Amérique, à partir du XVIIIème, les peignes sont fabriqués avec des écailles de tortues.

Les premiers peignes en matières plastiques seront fabriqués au XIXème par Alexandre Parkes.

L’exposition  » Le Bain et le Miroir «  présentée conjointement en 2009 par le musée de Cluny à Paris, pour le Moyen-Age, et par le musée d’Ecouen pour la Renaissance, a montré plusieurs modèles de peignes à double denture.
Beauté & hygiène se trouvaient rassemblées dans ces objets. Cette double fonction a perduré en occident jusqu’à l’invention de traitements contre les poux, libérant le peigne de ce soin.

Objet usuel depuis des temps immémoriaux, le peigne apparaît fréquemment dans les contes & légendes. De nombreuses jeunes filles séduisent un amoureux alors qu’elles peignent leurs longs cheveux, comme la Lorelei sur les bords du Rhin. Elles ont parfois un peigne en or. Dans la mythologie basque, les divinités féminines comme Mari ont toujours leur orrazi, peigne d’or qui suscite les convoitises des humains, à leurs risques et périls. Dans le conte des frères Grimm, Blanche-Neige, la méchante reine tente de tuer Blanche-Neige en la coiffant avec un peigne empoisonné.

La manufacture-musée du Peigne & de la Parure, à Ézy-sur-Eure, rend hommage aux peignes, qu’ils soient en bois, en os, en corne, en ivoire, en écailles de tortue ou en plastique. Les peignes & leur fabrication ont rythmé la vie économique de la vallée de l’Eure durant des siècles & ce musée témoigne de ce savoir-faire local.

Le musée du peigne & de la plasturgie, quant à lui, est un musée situé à Oyonnax, dans l’Ain. Il présente des collections de peignes relatives à la plasturgie.

Le peigne est un outil indispensable au soin des cheveux. Il en existe partout depuis longtemps. Leur beauté & leur variété est impressionnante. J’en ai collectés quelques uns lors de mes voyages.