Plasticienne, j’utilise mes cheveux pour faire mes œuvres. Je mène une réflexion sur le temps, la perte & la mort. Mon travail s’organise autour du chiffre trois & de ses multiples. Je joue avec la répétition du geste, la tension du matériau & les couleurs noire & rouge, créant ainsi des variations qui structurent mes œuvres en séries.
Ma pratique se caractérise par l’utilisation d’une matière organique que je produis puis récolte quotidiennement avant sa chute naturelle sur le sol. Mes cheveux perdent ainsi leur futur statut de déchets. Triés & conservés, ils sont ensuite mis en forme de différentes façons.
Ces particules capillaires peuvent être fixées sur du papier en d’énigmatiques signes, crochetées en de fragiles réseaux, amassées & assemblées en sculptures mouvantes, nouées & cousues sur des toiles ou brodées sur de la tarlatane.
Si elles portent toujours la mémoire physique et psychologique du corps auquel elles étaient reliées & en évoquent la présence, elles sont cependant détournées & métamorphosées par le faire artistique.
Grâce à la nouvelle visibilité que je leur offre lors des expositions, les cheveux deviennent supports de rêveries, d’évocations ou de souvenirs pour ceux qui les regardent.
Un » Dictionnaire amoureux du cheveu » est élaboré au fil du temps.
Des installations comportant plusieurs centaines de mèches proposent aux spectateurs des échanges ou des dons de cheveux. Une Trikhothèque s’est ainsi constituée, riche de presque un millier de pièces.
Des performances trikhographiques ont eu lieu chaque année en différents lieux pendant douze ans. Elles témoignent du passage du temps.